Erin a vu le jour aux États-Unis, d’une mère irlandaise et d’un père inconnu. C’est donc tout naturellement qu’il a hérité de son nom de famille : Llyr. Même quand sa mère rencontrait un nouvel homme, lui aussi avec un garçon, l’enfant ne prenait pas le nom de ce dernier, pourtant il voyait réellement un père en Calvin, celui qui rendait sa mère heureuse jusqu’à ses trois ans. Enfin… c’est le souvenir vague qu’il garde de cette époque, quelque chose de joyeux, qui lui apporte du réconfort dans les moments de solitude. Cependant, le bonheur est une chose éphémère et il fallut qu’un jour, en revenant de Disney World, quelque chose les envoyait droit dans le ravin. Sans doute une voiture, mais l’enfant n’en gardait de souvenir que la notion de « monstre ». Erin était sur les genoux de sa mère, en train de raconter pour la énième fois que C3PO lui avait fait coucou dans l’attraction de Star Wars et que les étoiles volaient dans tous les sens, faisant en même temps de grands yeux de chiots pour aller à l’observatoire le week-end suivant, vu qu’une pluie d’étoiles filantes était prévue, les parents riaient de le voir aussi rempli d’entrain et l’instant suivant, le chaos. L’irlandaise eut le réflexe de protéger avec son corps son fils, la figure paternelle de leur famille freinait brusquement sans pouvoir éviter la chute et peut-être même comprenait-il leur sort inévitable. De l’accident, Erin fût le seul à survivre, même l'autre garçon qui riait derrière jusque-là était mort, il fût couvert de blessures surtout dues aux bris de verres du pare-brise et des vitres ayant volées en éclats aussi petits que tranchants. Plus tard, à l’hôpital, les médecins trouvaient aussi des cotes fêlées par la force mise dans les bras de sa mère pour le protéger.

Ses souvenirs de l’époque sont plus que flous, pour ne pas dire quasi inexistants, mais ils sont la raison de sa vie à l’orphelinat, puis dans une famille qui accepta de l’accueillir quelques mois seulement plus tard. Des fermiers qui ramassaient de temps en temps les chiots égarés, même quand le chiot était un gamin qui avait simplement passé son temps à les fixer froidement lors de l’entrevue. Il n’avait accepté de les suivre que quand ils avaient parlé du fait que de chez eux, le ciel était magnifique la nuit, et aussi parce qu’ils avaient eu l’intelligence de dire qu’ils ne remplaceraient jamais son papa et sa maman. Jugeant qu’ils pouvaient bien être les adultes les moins stupides de la région, Erin avait hoché la tête quand la directrice lui avait demandé s’il voulait partir avec eux, seul signe qui prouvait qu’il prêtait attention au monde, depuis qu’il se murait dans le silence à cause du choc de l’accident.

Trois ans plus tard, à son entrée en primaire, Erin laissait quelques mots quitter la barrière de ses lèvres pour la première fois. Il fallait le comprendre, sa maîtresse les laissait choisir un livre au fond de la classe, à ramener à la maison, et s’ils étaient capables de déchiffrer seuls la première page pour la semaine suivante, ils pouvaient garder le livre. Le jeune Erin avait jeté son dévolu sur un gros volume qui touchait aux différents Panthéons de l’humanité, avec beaucoup d’images pour aider les jeunes qu’ils étaient à comprendre. La majorité des élèves avaient préféré Oui-Oui et compagnie, mais lui était sorti de l’école fou de joie, tendant son livre devant lui en piaffant – ce qui manqua de faire s’évanouir sa protectrice qui ne l’avait jamais entendu parler :

« Regarde ! Regarde ! C’est les hommes dans le ciel ! Avec Zeus et tout ! Comme dans le dessin animé ! »

Ah oui… sa culture Disney était toujours immense, même si croire que tout était comme dans le monde de ce cher Walt montrait bien qu’il n’était encore qu’un tout petit garçon, mais croyez bien que la semaine suivante, lors de l’exercice de lecture, Erin fût l’un de seuls à gagner son livre, mais pas parce qu’il le déchiffrait parfaitement, seulement parce qu’il avait demandé à sa mère de lui livre plusieurs fois durant la semaine, et au final, il avait fait du par cœur.

Les années passant, Erin restait un garçon majoritairement silencieux, plus spectateur qu’acteur du monde qui l’entourait. Quand d’autres jeunes venaient le chercher – dans le sens embêter – entre les cours ou autre, le brun se contentait de leur jeter un regard désinvolte avant de s’en aller les mains dans les poches. Pour tous, il était clair que l’enfant était très timide, mais personne n’osait réellement dire quoi que ce soit à cause de l’ombre qui traversait son regard quand la moindre remarque lui était faite. Ses tuteurs étaient souvent convoqués pour le manque d’attention de leur ‘fils’ en classe, entre le fait de rêvasser toutes les deux minutes, refuser catégoriquement de participer pour les exposés – alors qu’il ne se privait pas de ricaner quand il estimait que ses camarades, et même les professeurs, se trompaient – ou sa manie de s’endormir en classe, en particulier dès que le mot ‘mathématique’ était prononcé. Enfin, peu après son entrée au collège, le naturel timide du garçon a un jour été relégué en arrière quand quelqu’un lui a dit qu’à tous les coups, ses parents n’étaient pas morts mais l’avaient abandonné car ne voulant pas de lui, hors de contrôle pendant de longues minutes, le garçon ayant dit cela – pourtant plus grand que Erin – s’était retrouvé dans l’incapacité de venir en cours pendant quelques jours après que la teigne lui ait brisé le bras et les dents dans son accès de rage. Terrifié par ce qu’il avait fait, ne comprenant pas d’où venait cette rage qui devait être le résultat de toutes les émotions refoulées depuis des années, Erin se tenait encore plus loin des autres qu’avant, et ces derniers le lui rendait bien. C’est aussi là qu’il commença à disparaître plusieurs jours de chez lui pour traîner dans la campagne, à passer ses nuits à observer le ciel, seule chose qui semblait encore capable de le détendre, avec la mer où sa famille l'emmenait parfois, endroit où il semblait plus heureux qu'un jeune chiot en se jetant dans les vagues, au point d'avoir parfois l'impression de ne faire qu'un avec l’élément.

Vous vous demandez sans doute où est son parent divin dans tout cela? Pourquoi personne n'est encore venu le chercher? Et bien... disons que d'une part, l'odeur de la ferme - jouer avec les cochons, ça cache toutes les odeurs - le masque plutôt bien, et ensuite, il semblerait que l'on le pense mort dans l'accident qui a tué sa mère... enfin accident... si l'arrivée d'un 'monstre' était accidentelle.

Le reste de son histoire ? Elle s’écrit au jour le jour… reste à voir comment il apprendra ce qu'il est en fait, et la façon dont cette nouvelle l'impactera.