Apprenons à nous connaître

Alice et Sora

Je souffle un bon coup, je regarde mon billet et je le relis pour la millième fois, essayant de trouver un quelconque sens secret qui n'existe pas. Je lis seulement une unique phrase:

Retrouve-moi dans mon bar, Alice.

Je ne la connais à peine, je sais qu'elle fait partie de la Résistance, je sais qu'elle a une réputation sulfureuse, ce qui ne m'étonne guère. Les gens qui font partie de la Résistance font ce qu'ils veulent, à la Colonie, on se ferait gronder à la première faute. Ce qui est vraiment quand même ennuyant. Depuis que je suis dehors, je fais ce que je veux, je sors comme je veux, je traîne, tout cela en une parfaite anonymat. Contrairement à Alice, je me la joue discrète, redécouvrant le monde des mortels petit à petit, je suis une gosse qui s'émerveille dans un immense magasin de bonbon gratuit. Il n'y a rien à dire, je déteste les règles de la Colonie, être un bon petit soldat ? Non merci ! Je veux pouvoir à m'éclater comme maintenant !

Et puis, ce n'est qu'un bar, je ne vois pas ce que je risque, je vais faire croire que j'ai 18 ans et je vais boire un bon mojito ou un planteur, je ne sais pas encore. En tout cas, vue Alice, elle ne va pas me donner dans un lieu de débauche.

Erreur.

Quand je rentre dans le bar, j'en reviens presque le fait d'avoir mis un mini-short et un débardeur, heureusement, j'ai gardé mon blouson de cuir sous lequel je cache mes armes, je regrette de ne pas avoir pris d'armes pour contrer les mortels. Je m'avance dans le bar, essayant d'éviter de croiser les regards plus qu'avide d'hommes en manque. Je pousse un soupir d'agacement, je ne suis pas le jouet des hommes et encore moins des mortels, ça m'énerve. Je sens qu'un gars qui me saisie à la hanche et m'attire contre lui. Je le foudroie des yeux avant de me radoucir, toi, tu vas mourir. Je ne te laisse aucune alternative.

Nous sortons par une porte de service, il me plaque contre le mur, essayant de m'embrasser, je le repousse un peu, prenant la pose d'une biche effarée.

"Je suis pas très à l'aise."

Il me regarde, comme si je n'étais qu'un vulgaire morceau de viande, il empeste l'alcool, il me bredouille un truc du style que je n'ai rien à craindre si je suis une bonne fille. Il a un canif qui pend à sa ceinture, il pense pouvoir faire ce qu'il veut de moi ? Tant pis pour toi, tu l'auras amplement mérité, mortel.

il ferme les yeux et se rapproche. Je plisse les yeux, ce qui est assez dur pour une asiat'. Je souris de manière carnassière, je vais te bouffer, monsieur en manque. Vu que je n'ai pas d'arme, je ne vois qu'une seule solution, je lève mon bras et le charge électriquement, 37 volts de ce que je ressens, alors qu'il n'en faut que 24 pour tuer un homme. Ma main émet des filaments bleus, je la baisse et vise son coeur, il pousse un grognement sourd de douleur, je mets à rire, c'est si drôle de tuer quelqu'un aussi facilement ! Et dire qu'il me prenait pour une pauvre sainte-nitouche, juste bonne à écarter les jambes, je ne suis plus un objet.

Il s'écroule, je l'ai tuée trop rapidement, je n'ai pas eu le temps de le voir souffrir, je manque encore d'expérience, au moins,on pensera qu'il a eu un malaise cardiaque. Je le soulève magiquement, quelle plaisir d'avoir la lévitation, j'utilise mon pouvoir pour faire croire qu'il est encore vivant, je nous ramène à l'intérieur du bar, où je le fais aller aux toilettes, avec un peu de chance, un soiffard essaiera de le sauver. Je m'appuie sur la porte du bar, personne ne m'a vu, tout le monde est absorbé à dévorer les filles des yeux, cet endroit n'est que sexe et alcool. Enfin meurtre aussi maintenant. Cela ne fait rien, au contraire, je suis très heureuse de mon coup, j'aperçois enfin Alice, je la rejoins les mains dans les poches et avec un grand sourire.

"Salut ! Tu vas bien ? Dis, tu me payes un verre ?"

J'ai hâte de savoir comment va se passer le reste de la soirée

Apprenons à nous connaître

Alice et Sora

Alice me rejoint enfin, un grand sourire collé sur son visage, nous changeons de bar, à vrai dire, je ne suis pas contre, l'ambiance de mâles en manque et euphoriques de voir des nanas se déhancher devant eux me répugne au plus haut point et savoir qu'Alice fasse ce genre de boulot me refroidit un peu. Elle a cette double facette de gentille strip-teaseuse et de l'autre, une tortionnaire sans le moindre état-d'âme. Je ris jaune, je suis pareille en fin de compte: je joue la jolie petite fille mignonne et innocente devant Tyler, qui demande l'aide de son prince charmant et de l'autre côté, une assassin qui tue autant pour son plaisir que pour le travail. Ce que je ne comprends pas, c'est que je ne ressens aucuns remords, on paye ses dettes un jour ou l'autre, je sais que le moment venu, mon jugement sera terrible mais qu'importe. Ce jour là, nous serons victorieux des Olympiens et je serai la nouvelle reine du vent. Je détruirai mon père et j'enverrai tout droit dans le Tartare. Je ne vis que pour ça.


On arrive dans le bar et Alice me commande un mojitos, on s'installe dans un coin confortable et à l'abri des oreilles indiscrètes de mortels qui pourraient écouter. Je m'installe en face d'elle, et je commence à siroter ma boisson, le rhum, il n'y a pas mieux !

C'est cool que tu sois venue, les seules fois où je peux te voir c'est quand je t’entraîne ou quand je te croise dans les couloirs. Ici on va pouvoir discuter comme on veux. Mais déjà avant j'aimerai savoir, le mec avec qui t'es sortie dans le bar, tu l'a embrasser ? Vous êtes pas resté assez longtemps pour que je pense que vous ayez fait plus mais vous avez eu le temps de vous rouler une pelle quoi.

Je lui souris, un sourire assez sinistre je crois d'ailleurs, je joue avec ma paille et je lui réponds finalement:

"Il a voulu jouer au plus fort avec moi, il m'a traité de marchandise, je lui ai fait comprendre qu'il avait tort. Tout simplement."

Je claque mes doigts, une gerbe d'électricité jaillit de mes doigts, une lueur bleue, dangereuse et belle à la fois. Je me cale sur ma banquette et sourit à Alice

"J'espère que c'était un mauvais client, sinon, je m'excuse."

Ce qui était totalement faux, pour la première fois de ma vie, je montrais ma double facette, la tête d'ange aux mains couvertes de sang, un rôle qui me va parfaitement je trouve.

Apprenons à nous connaître

Alice et Sora

"Oui assez bon client même, mais perso je m'en fou, il n'avait jamais assez pour moi, étant la plus chère je gagne le plus mais je n'ai surtout que les plus friqués".

Je regarde Alice, amusée, je lui rétorque tout en souriant:

"C'est amusant de voir les choses, tu ne t'intéresses qu'aux gars capable de te payer convenablement, le reste ne mérite pas ton attention. C'est intéressant."

Elle rit, bois son verre et reprends aussitôt, avec un ton beaucoup plus sérieux cette fois, qui laisse place à une interrogation à peine marquée dans sa voix:

"Oh et au faite, frimeuse. Pour ton éclair j'entends. Je lui fais un clin d’œil. C'est pas la première fois que tu tue toi, ça se voit. Et tu sais quoi ? Tuer de sang froid n'est pas une qualité, mais c'est loin d'être un défaut, j'ai tuée d'innombrable personne, je n'en suis pas toujours fière mais bon c'est comme ça. Tu vois mes boucles d'oreilles ? Si je ne les quittes jamais c'est parce que se sont mes armes, et elles peuvent tuer tant les minables de la colo que les mortel. Oh cela me fait penser qu'il faut que je nourrisse Bella !"

Je hausse un sourcil, je lui fais un sourire dénué de chaleur, lui montrant que mon âme peut être aussi froide qu'un couteau glacé. Je me rapproche d'elle, moi aussi, nos visages sont proches l'un de l'autre maintenant:

"Tu sais, quand j'ai tué la première fois, ça ne m'a rien fait, avec ce gars dans le bar, j'en ai rigolé tellement voler une vie est simple. Je tue pour une unique raison: personne n'a le droit de me prendre pour une esclave, plus jamais je ne serai à la botte de quelqu'un. Seulement, je ne tuerai pas tout le monde à la colonie. Il y a une chose que j'aime autant que tuer: la corruption. Voir un membre de la Colonie se retourner contre son camp a quelque chose de terrible, quelque chose qui est aussi délicieux que la mort: le désespoir."

Je me recule, une lueur de défi dans les yeux, je ferai ouvrir les yeux de mes anciens camarades, leur faire comprendre qu'ils doivent se délivrer de leurs chaînes, je sais très bien que je pourrais pas tuer Percy que j'adore plus que tout. Je ne veux pas être une tueuse comme Alice qui prend plaisir à tuer à tout va.

"Le gars que j'ai tué tout à l'heure était peut-être une erreur, si je dois tuer, je veux le faire comme une pro, une effusion longue, comme une araignée qui tresse la toile autour de ses victimes avant qu'elles ne se rendent compte qu'elles sont prisonnières."

Je vide mon verre et regarde Alice droit dans les yeux:

"Il faut savoir quelles personnes tuer et celles qu'il faut épargner, pas tuer tout le monde."

Ma phrase sonne comme un air de défi, une menace, peut-être pas, mais une confrontation future qui sera inévitable, à savoir laquelle de nous deux emportera sur l'autre, laquelle des deux aura le plus de volonté et laquelle cédera devant la manière d'agir. Je suis peut-être plus jeune, mais j'en reste pas moins quelqu'un qui reste fidèle à ses principes.