Retour à la maison

Je n'ai même pas le temps de hurler, tout s'est passé tellement vite que je ne réalise pas ce qu'il se passe. J'étais tranquillement avec Alice en train de patrouiller, nous racontant des histoires. Quand on a senti pas un truc pas net, une trop concentration de magie, du type divin. Forcément, nous avons bondi, partir à la chasse aux dieux ? Comme c'est existant ! Nous n'avons même pas envoyé un message au QG.

Erreur.

Parce que Dionysos était sûrement la dernière divinité à qui je m'attendais, je n'aurais jamais pensé qu'il nous aurait attaqué de front. Je n'ai même pas le temps de dégainer mon arme qu'il me ligote avec du lierre, tous ces mois d'entraînement pour en arriver là ? Je n'ai même pas été capable de lui porter un seul coup, c'est la pire humiliation qui puisse exister.

Non ? Il y a pire ? Oui, il y a pire.

Parce que je me fais assommer par l'autre idiot au bras mécanique, et Monsieur D lui fait un beau et long discours, j'ai presque la larme à l'oeil, le seul dieu qui ait bougé son cul est le vieil ivrogne ? Décidément, il y a encore des miracles dans ce monde. Mais pour l'instant, je dois me sortir de là, je suis sûre qu'Alice va intervenir ! Sauf qu'elle ne vient pas, je ne la vois pas réapparaître, ne serait-ce pour me dire un mot comme "je viendrai te chercher !". Elle a tout simplement disparu, me laissant derrière, je ne ressens qu'un profond sentiment de désespoir avant d'être englouti par le tourbillon de téléportation.

La barrière de la Colonie.

Ca fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu, la dernière fois, c'était pour quitter la colonie après la guerre. Et après, j'ai rejoint la Résistance. Je n'aurais jamais voulu revenir ici, j'aurais tout fait pour éviter ce lieu. Bras mécanique me traîne vers la grande Maison, je ne peux rien faire, il est plus fort physiquement que moi. Je serre les dents, je voudrais garder un minimum d'honneur.

"Alors... pour commenc..."

Il me frappe, le coup est assez violent pour que ma tête parte sur le côté, ma joue cuit, un feu ardent. Je ne peux retenir un sourire, Christopher m'a brûlé cette même joue et cela faisait cent fois plus mal. Il veut jouer au plus dur ? Il ne m'aura pas comme ça.

"Tu dois être contente hein ? Que Dionysos soit hors de combat... Qu'il se soit "sacrifié" pour simplement pouvoir te choper hein ?"

Je me contente de le fixer avec un grand sourire, alors comme ça ? Le poivrot est hors combat ? Ca fera un olympien de moins, mais ce qui me plaît, c'est qu'il n'y a plus de dieux pour protéger la Colonie en ce moment, sans Dionysos comme rempart, ce sera facile de rentrer dans la bergerie maintenant. Quelqu'un frappe à la porte, ses yeux s'enflamment, ça va être facile de lui faire perdre ses moyens.

"J'avais demandé à ce qu'on ne vienne pas me déranger ! Quoi encore ?"

"Désolé Warren... c'était juste pour te donner ça, ça vient de Broceliande donc je pensais que tu voudrais voir ça rapidement..."

Warren ... c'est comme ça qu'il s'appelle ? Cela ne me dit rien du tout, en fait, je m'en fou, tout ce qui compte, c'est que je vais l'égorger dès que j'en aurais l'occasion. Et puis Brocéliande ? Ils ont des alliés là-bas ? Il va falloir que je prévienne Cyril, il y a de quoi pouvoir enquêter, je sens que je vais aimer ça !

"Merci Mike... emmène-la dans la zone de quarantaine de l'infirmerie et fait en sorte qu'elle ne puisse pas en bouger. Demande à deux Arès de la surveiller. Qu'elle soit nourris et ait de quoi boire. J'aurai à lui parler demain..."

Ooooh mais c'est qu'il sait accueillir le petit ! A manger et de la compagnie ? Que demander de plus ? Je lui fais un grand sourire.

"Merci, mon cher Warren."

Son laquais me saisit par le bras, ooh, que j'ai peur !

"T'as une nuit de répit avant que tu ne commence à nous balancer tout ce que tu sais sur votre groupe."

"Dans ce cas, à demain !"


Je n'arrive pas à trouver le sommeil, on m'a dépossédé de tous mes effets, plus d'armes ni de potions. La seule chose qui me reste, c'est ma bague de mariage, quand je rentrerai au QG, je ferais en sorte de pouvoir rajouter deux trois options dessus, histoire de pimenter les choses. La seule chose qui me terrorise vraiment, c'est de rencontrer Maman, je ne l'ai pas vu depuis le mariage et j'ai peur de la voir. Comme quoi, je tiens toujours à elle en dépit de mes croyances.



On m'amène dans son bureau dans la Grande Maison, donc, ce serait lui le nouveau chef ? Manque de charisme, il n'a clairement pas le charme de Cyril.

"On va commencer avec des choses simples tu veux ? Comment t'appelles-tu déjà ? Et aussi quel est ton parent divin ?"

Je pousse un long soupir.

"Je m'appelle Sora et mon parent divin ... Pourquoi cela t'intéresse ? Je l'ai renié, disons que j'ai du sang divin dans les veines, et toi ? C'est qui ton parent divin que tu aimes tant ? Non non ! Laisse moi deviner !"

Je ne peux m'empêcher de sourire, je refuse d'avoir peur de lui, je refuse d'être dominé par un membre de la Colonie. J'ai déjà subi une humiliation, je préfère mourir ici et maintenant, même si j'aurais préféré un champ de bataille, remarque  que ce bureau en est un.

"Mais dis-moi, pourquoi tu crois que je vais te donner des informations sur moi et la Résistance ? A moins que tu aies envie de nous rejoindre, je serais à ton entière disposition dans ce cas."

Je m'approche de lui, en murmurant.

"Ce n'est pas parce que Dionysos a fait de toi le chef par intérim que cela fait de toi un chef, tu n'es juste qu'un gosse à qui on a confié du pouvoir, tu risques de te mordre les doigts, remarque, s'ils sont foutus, tu pourras te greffer une autre main."

Je me cale dans mon siège et je lui souris, parfaitement sereine, le jeu de pouvoir commence.

Retour à la maison

Il rigole lui aussi, il a décidé de jouer, espérons qu'il soit du genre finaud, sinon, je risque de m'ennuyer.  

"Tu me fais vraiment de la peine Sora... Moi qui pensais que nous allions passer un bon moment tout les deux."

Je hausse un sourcil, décidément, il pète plus haut que son cul, et passer un bon moment ? Est-ce qu'il veut que je passe sous le bureau tant qu'on y est ? Il manque cruellement de subtilité, j'ai l'impression d'être dans une vieille série télévisée, je suis un peu déçue, si j'avais su, j'aurais demander une entrevue avec Criostal, ça aurait été beaucoup plus constructif.

"Bon puisqu'apparement tu n'aimes pas parler c'est moi qui vais commencer: comme tu as pu le deviner je m'appelle Warren. Et dis toi que j'ai fabriqué seul ma main mécanique, ça y est tu as mon parent divin là  ? Mon indice est assez gros ? Bon maintenant que ça c'est fait j'aimerai que tu me parle de ce qui s'est passé suite à l'attaque de votre ancien QG. Du genre où se trouve votre nouveau QG par exemple. "

Je regarde la canette, l'air circonspect.

"Je préfère le thé."

Je ne peux pas renier mes origines, j'ai toujours préféré un bon thé ver ou oolong pour me désaltérer que ces boissons américaines bourrées de sucre et qui finalement, ne plaît absolument pas. Je repousse la canette en espérant que mon si gentil hôte puisse m'offrir la boisson voulue.

"Tu manque cruellement d'humour. Alors tu veux savoir pourquoi on a changé de QG ? Les voisins étaient bruyants et un loyer ! Mon dieu, je n'ai jamais vu autant de zéro de ma vie, du coup, on a déménagé, en plus les bailleurs étaient un peu chiants. Sinon, le nouveau est suuuuuuper classe ! Tu devrais voir les nouvelles prisons, que tu puisses tester la différence avec les anciennes."

Il se lève, je sens que la pique ne lui a pas plu, je n'ai rien à perdre, de toute façon, personne ne viendra me chercher, du moins, si on vient me chercher, je vais devoir passer une batterie de test et surtout, je vais avoir le droit à un Cyril en ébullition. Sérieux, je ne vais pas avoir une seconde à moi ... la galère. Et puis avec l'autre qui essaie de jouer au boss mafieux, je me fais bien chier.

"Tu sais, j'ai l'impression que ta charmante amie Alice t'as un peu abandonnée hier. Alors si tu cherches à me faire sortir de mes gonds en me narguant comme une enfant, dis toi que d'avoir vu que cette garce n'avait pas changé m'a pleinement saCfait et qu'il en faudra bien plus pour m'énerver."

Je pousse un long bâillement, si bien que je pleure d'un oeil, il m'ennuie cette homme !

"Alice est comme elle est, et puis, je sais qu'elle est déçue de ne pas avoir pu en finir avec toi, surtout ta copine. Alice adore ta copine, comment elle s'appelle ? Jeanne ? On s'en fout en fait ! Et te faire sortir de tes gonds ? Fais moi rire !"

Il se rassit, je me frotte l'oeil,

"Sora je ne vais pas y aller par quatre chemins: si j'étais dans ta position, je ne donnerai aucunes infos. On le sait tout les deux tu ne diras jamais rien. Mais je ne peux pas te laisser repartir comme ça. Alors..."

Il se tait, abrège ! Je vais mourir d'ennui !

"...j'aimerai que nous trouvions un arrangement. Si on ne trouve rien et bien tu restera simplement prisonnière. Mais tu as bien vu hier soir ? Rien de bien méchant, surtout comparé à ce que vous vous faites à vos prisonniers."

Je le regarde et je mets à rigoler, non mais il est sérieux ? Je vais subitement devenir gentille, que nous allons nous promener main dans la main comme deux parfaits débiles ? Il est utopiste ou bête ? Je pense pencher pour la seconde option. Je m'arrête, au bord des larmes.

"Non sérieux ?"

"En attendant, j'ai réservé mon après-midi rien que pour toi, je n'ai absolument rien à faire ! Alors on a tout notre temps toi et moi."

Je me redresse.

"Désolée, j'ai pas envie de te parler, tu n'es absolument pas mon type d'homme ! Peut-être demain ? Après tout, je risque d'être là un bon moment."

Je me lève et me dirige vers la porte, je me retourne.

"Si je te manque trop, tu sais où me trouver."

J'ouvre la porte, et demande aux deux enfants d'Arès de me ramener à l'infirmerie, je n'ai absolument pas envie de lui parler, tout ce que je veux, c'est retourner chez moi, m'occuper de mon mari chéri et enfin, de pouvoir vivre ma vie de tueuse au compte de la Résistance. Et cet abruti ne me donne pas envie de faire des efforts. Je traverse la Colonie, plusieurs personnes se retournent sur mon chemin: je suis menottée et je suis couvertes de blessures. Je souris à tout le monde, je veux que tout le monde sache que je suis là, avec un peu de chance, il y aura bien quelqu'un pour vouloir me dézinguer. Comme j'ai hâte !

Je retrouve enfin ma chambrée, je claque la porte, je sais que Warren viendra, je m'amuse à l'insulter et à remettre en doute son autorité, mais il est patient,  je me demande lequel de nous deux va craquer en premier. J'ai vécu les dernières semaines avec Alice et son entraînement infernal, finalement, être ici, c'est un peu comme avoir des vacances, pas de corvées, je dors juste. Remarque, je pourrais travailler ma concentration, du coup je pourrais accroître mes pouvoirs magiques, ça va être fantastique !

"Que j'aime le calme, je vais rester ici un moment je crois, au moins, je connais la bouffe, dommage, j'aurais bien manger des sushis avant de faire un régime."

Retour à la maison

J'ai à peine le temps de souffler que Warren vient me voir dans ma cellule, Ciel, ce type va t-il me laisser tranquille cinq minutes ? Je ne peux pas m'enfuir d'ici, et si je tente quelque chose, je me ferais repérer en moins de deux minutes, je suis la personne la mieux surveillée de toute la Colonie, et je ne sais pas comment mon geôlier compte faire pour me surveiller, je me méfie.

"Eh oui comme tu peux le voir tu m'as effectivement trop manqué comme tu l'as dis. Bon Sora: je ne vais en aucun cas te torturer tu le sais. Ni toi ni moi ne craquerons, alors voilà ce que je te propose: je te relâche d'ici quelques jours. Mais d'ici là tu répond à quelques questions sans grande importance tactique, d'accord ?"

Je soupire, de toute façon, je ne peux que l'écouter.

"Bien, commençons si tu le veux bien: une fois que l'Olympe sera détruite et les dieux complètement chassé, que ferez-vous ? Rester sur l'Olympe et y régner, laisser vide les lieux et continuer de vivre comme si de rien n'était ?"

J'attrape ma tasse de thé et souffle dessus, essayant de trouver les mots justes.

"Ensuite: comptez-vous seulement attaquer les dieux ou vous vous en prendrez aussi à la Colonie ? Car certains parmi vous ne souhaite pas nous attaquer nous, mais d'autres aimerait nous voir mort."

Je relève la tête, à quoi bon mentir ? De toute façon, je ne compte pas lui relever les infos, autant dire ce que je pense la situation.

"Par où commencer mon cher Warren ... Eh bien, une fois l'Olympe purger, nous le détruiront, à quoi bon occuper les mêmes lieux ? Nous serions tentés de faire comme eux, nous construiront un nouvel endroit, un endroit neutre, qui n'aura pas connu la guerre ni la violence ... Et il y aura un conseil, choisis parmi les plus dignes des héros, choisis par tout le monde, et s'ils sont défaillants (les conseillers) nous les écarterons, chaque projet politique à ses défauts, celui-ci nous paraissait être le plus juste."

Je regarde mon verre, je ne peux m'empêcher de penser aux nombreux goûters que je prenais autrefois avec Maman, je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle n'est qu'à quelques mètres de moi, si je criais, elle serait capable de m'entendre, si seulement ...

"Quant à la Colonie, je ne vois pas l'intérêt d'attaquer, ce ne sont que des enfants ou des non-combattants. Quitte à tuer quelqu'un, qu'il soit armé d'une épée qu'il soit déterminé à se battre. Je ne comprends pas pourquoi la Résistance a voulu vous tuer, vous ne représentez pas grand chose niveau force militaire."

Je regarde mon thé, je ne sais pas quoi ajouter, de toute façon, que dire de plus ? A moins que ...

"Du coup, tu comptes faire quoi ? Me pister pour te guider jusqu'à Alice pour la tuer gentiment ? Je doute qu'elle se laisse faire."

Finalement, je prends une gorgée, pouah ! Il est pas bon ! Moi qui croyais boire un thé de qualité, je me retrouve avec un truc bon marché, quel horreur, décidément, je me suis bien habituée au luxe.

"Tu sais quoi Warry ? Je me plais bien ici, je vais rester ici un moment, tu m'enverras la note ? Je paie en quoi ? Liquide ou carte bancaire ?"

Je me tourne vers la fenêtre, si seulement je pouvais avoir plus d'espace, j'ai encore des choses à faire ici, j'ai besoin de renseignement, j'ai surtout besoin de pistes. J'ai un contrat à effectuer. Je suis peut-être prisonnière, mais je reste une résistante, je ne partirais pas d'ici tant que je n'aurais pas fini ma mission.

Je dois tuer quelqu'un.

Retour à la maison

"Tu veux bien me suivre s'il te plait ? Je n'aime pas cet endroit. Et je vois que tu regarde dehors. Ne tente juste pas de t'enfuir s'il te plait, ça serait regrettable."

Je me retourne brusquement, aller dehors ? Ne plus être enfermée comme une lionne en cage ? Je vais pouvoir courir ? Sentir le parfum du vent ? Sentir son souffle contre ma peau ? Je me retiens de pousser un cri de joie, je me contente juste d'un hochement de tête, je veux rester la plus neutre possible mais j'ai un mal fou à contenir mon enthousiasme.

Il jette un coup d'oeil aux gardes, décidément, le petit sait se faire obéir ... mais il manque tellement de charisme à mes yeux, il n'a pas l'aura de Cyril. Je le divinise encore plus qu'Aldric. Ce dernier est trop absent à mes yeux, le vrai chef, c'est mon père. Si Warren apprend que je suis la fille adorée du second de la Résistance, je risque de ne pas repartir de sitôt, je deviens un objet de transaction plutôt intéressant ...

On se dirige vers le lac et Warren entame un long, très long monologue, ou peut-être pas. Je hausse un sourcil quand il nous compare aux nazis, je n'aime pas cette ressemblance.

"Nous ne sommes pas des anges Warren, loin de là. Nous sommes des parias pour la plupart, rejetés. On a voulu se venger, répandre le sang pour que les gens comprennent notre douleur."

Je fais une pause avant de reprendre.

"C'était une erreur. Nous aurions dû être pacifiques mais je suppose que c'est le propre de l'homme que de tout régler par le conflit. Seulement, quand le mal est fait, on ne peut pas faire machine arrière ..."

Je regarde le Lac, depuis combien d'années suis-je venue ici ? Je ne m'en souviens plus. Depuis combien de temps ai-je quitté la Colonie ? Quelle étaient mes motivations en ce temps-là ? Je ne sais plus. Tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'était pour la Résistance. Ca me paraît tellement futile maintenant. Renverser les dieux ? Un beau projet mais comment ? Même si ce sont des connards, ils savent parfaitement réagir, ils savent exactement comment nous dominer, le désespoir. Le doute. Nous faire combattre nos semblables a créé des brèches dans nos esprits et maintenant, nous remettons en cause tout ce que nous croyons.

Je me retourne vers lui.

"Merci pour la proposition mais c'est sûrement le dernier endroit où j'irais dormir, même si c'est je touchée par l'offre."

J'avance vers le lac. J'ai mal partout, mes bleus et mes plaies se referment lentement, mais mon esprit est à vif, je suis perdue. Je veux tuer mais en même temps, je veux préserver la vie. Je veux la destruction mais ne pas détruire la Colonie ... Je me retiens de rire. Je me sens pitoyable.

"Du coup, on fait quoi ? On fait comme si rien n'était et on continue de s'entre-déchirer jusqu'à ce que l'un des deux camps soit à genou ? Où on essaie de faire la paix en s'offrant des fleurs de toutes les couleurs ?"

Je jette un coup d'oeil à la frontière, elle est si proche et si loin de moi en même temps.

"Toi et moi savons qu'il y aura d'autres conflits, la question est qui se battra contre qui ?"

Rentrons à la maison

"La paix ne sera pas possible. Pas après ce que vous avez fait à la Colonie. Je sais que certains d'entres vous le regrette surement, mais une paix est difficilement envisageable je pense... Mais... Après tout si je pouvais m'entretenir avec votre ou vos chefs, nous pourrions essayer de convenir à un arrangement."

Je me retourne vers lui. Comment la paix pourrait être possible ? Elle a été piétinée de part et d'autre par la Résistance et par certains membres de la Colonie. Dans les deux camps, on veut la mort de l'autre, chacun se justifiant en réclamant vengeance. Je voudrais sincèrement y croire mais comment est-ce possible ? Je suis la première à avoir un casier judiciaire plus que noir. Comment rattraper notre impulsivité ? Notre haine profonde ?

"Sora. Tu vas me servir de messagère. Tu dis ne pas vouloir nous détruire et seulement instaurer un nouveau système plus viable non ? Alors pour cela nous devrons nous entretenir entre les dirigeants de nos camps. Cela devra se passer en terrain neutre et sans armes. Il faudra que..."

"Quoi ?!"

C'est le seul mot que j'arrive à articuler, il est complétement timbré ce type ! Il veut engager des pourparlers avec Cyril, mais il est suicidaire ! Cyril devra en parler avec Alice ... Warren a oublié Alice ? Non, je ne pense pas, où est passé sa folie meurtrière d'hier ... non, avant hier ? Vous n'allez pas me faire croire que c'est ma diplomatie qui l'a convaincu ? Sinon, il va falloir que je pense sérieusement à me reconvertir ...

"Tu vas encore devoir supporter notre présence une nuit, dès demain soir, dans la nuit, je te libérerai et tu portera un objet à tes chefs, compris ? Je ne sais pas si je peux te faire confiance mais je sais une chose: tu veux tout autant que moi la paix. Et tu veux que votre projet aboutisse. Or même si nous ne sommes pas un gros obstacle sur votre route, nous sommes de potentiels alliés..."

Il s'arrête avant de reprendre:

"Si tes chefs arrivent à me convaincre que ce que vous proposez est mieux que ce que les dieux font actuellement, je pourrai convaincre la Colonie qu'une paix est possible et nous pourrions vous aider. En revanche une chose est certaine: jamais nous ne nous battrons contre les dieux, si nous vous aidons cela sera sans violence."

Il me regarde droit dans les yeux, il veut y croire, à la paix. Il mise gros sur le tapis, nous nous connaissons pas, nous nous détestons même. Nous ne sommes rien aux yeux de l'autre, pourtant, il me tend la main. Parce qu'il veut y croire, qu'un monde sans guerre est possible. Ca voudrait dire que cette guerre entre demi-dieux touche à sa fin ? Je n'aurais pas besoin de dégainer contre eux ?

Mais comment me faire confiance ?

Je m'avance vers lui en lui souriant. Et je lui tends ma main. La réconciliation. Pas totale, elle ne le sera jamais, parce que c'est impossible, mais au moins, pendant une fraction de secondes, lui et moi auront été dans le même camp. Nous auront cru au même rêve.

"J'accepte, et j'espère sincèrement que notre collaboration sera fructueuse."

Je me recule avant d'ajouter,

"Merci, Warren."

Je fais quelques pas avant de me retourner, un grand sourire aux lèvres.

"Je ne sais pas où est Monsieur D en ce moment, mais si la paix est signée, ce sera grâce à lui. Qui l'eut cru que ce soit le vieil ivrogne qui sauve tout le monde ?"

Non, je pense que Dionysos a fait ce qu'il fallait, il a vu un mince espoir d'arrêter la machine, il l'a saisi. Je crois que ce dieu a un faible pour désobéir aux ordres, et il a sauté sur la première occasion. Je souris de toutes mes dents avant de conclure.

"Je dois te laisser, je dois voir quelqu'un."

Criostal ... tu avais raison. La paix est possible. Et je vais tout faire pour l'avoir, je te le jure, on sera libérées de cette guerre !

Retour à la maison

Je quitte Warren sur une note légère, je suis apaisée. Je vais pouvoir rentrer chez moi demain ! Je vois enfin une solution positive à cette histoire ! J'ai hâte de voir Cyril et de lui délivrer le message de pourparler. Si on pouvait ne plus attaquer la Colonie, ça me va, je vais pouvoir enfin me concentrer sur l'Olympe et sur Eole ...

Je m'endors paisiblement, j'ai réussi Crio, j'ai réussi !

"Eh la belle au bois dormant, c'est le moment d'y aller."

Quewah ? Qu'est-ce qui se passe ? Je m'en fou, je veux dormir ! On me retire la couette, j'ai froid ! Je me lève en maudissant de tout les noms le voleur de couette.

Alice.

Je penche la tête sur le côté. Pourquoi elle est là ? Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit qu'elle se jette sur moi et me serre contre elle. Je reconnais son parfum et souris, c'est bien Lilice. Tu es vraiment là !

"Je te ramène à la maison. Je suis désolée de ne pas avoir pu intervenir plus tôt ma Sora."

"Pas grave, tu es là."

Elle se lève et se dirige vers la porte.

"Bah tu viens ?"

Je m'approche d'elle avec un immense sourire, elle m'a manqué, vraiment.  Je plante mon regard dans le sien.

"J'ai encore un boulot à faire ici, je rentre demain soir. Je refuse le fait de partir d'ici sans laisser quelque chose en cours."

Je lui caresse la joue.

"Tu m'as appris ça, je dois au moins t'honorer, tu pourras m'attendre à la lisière de la forêt jusqu'à demain ? On rentre ensemble. Je te le promets."

Retour à la maison

"Mais tu pense que tu arrivera à sortir par toi-même demain ? Si je ne te vois pas au coucher du soleil je reviendrai te chercher de toute façon."

"Je n'en doute pas une seconde !"

"Ne loupe pas le rendez-vous sinon je ne manquerai pas de faire une belle émeute pour venir te chercher."

"Et c'est toi qui m'as dit que la discrétion était notre marque de fabrique, va falloir revoir notre crédo !"

Je l'embrasse et je la prends dans mes bras, je me rends compte maintenant à quel point je lui dois de chose. Elle m'a apprise la force, le courage et surtout la combativité. Je subirais des épreuves toute ma vie, je vais devoir encore serrer les dents mais elle sera toujours là. Elle est un peu mon obi-wan kenobi. Elle a ses défauts, ses qualités, comme nous tous, mais pour une raison que j'ignore, je ne peux pas m'empêcher de l'adorer. J'adore sa détermination, son sang-froid à tout épreuve. C'est ça que je voudrais être, c'est ça que je dois être.

Et aujourd'hui, j'ai eu l'impression d'être comme elle, inébranlable, je ne suis pas bornée au moins, j'ai accepté d'écouter avec Warren. Et comme j'ai hâte à la maison ! J'aime la Colonie, mais ce n'est plus mon foyer, c'est la Résistance, avec ses âmes en peine et son envie de destruction. Nous sommes des enfants perdus, mais nous avons décidé de trouver la voie, de bouger les choses. Nous avons commis des erreurs, à nous de les réparer, c'est ce que je crois fermement. Nous devons grandir, prendre en force pour prouver au monde que nous sommes la solution et nous la destruction.

Je m'endors sur ces douces pensées.

Le lendemain, je me réveille, les deux gardes ont disparu. Warren arrive avec son automate et lève un sourcil, je décide de ne pas lui mentir, nous devons établir une relation de confiance.

"Mes amis sont venus cette nuit, je leur ai dit que je ne bougerais pas, tant que je n'aurais pas ton message, je ne quitterai pas la Colonie."

Je me lève et saisis l'objet, et je sors avec lui, je m'avance vers l'arbre de Thalia sans me retourner, je sais qu'il est sur mes talons.

"Ne me suis plus maintenant, je te promets que ton message sera transmis, maintenant tu n'as qu'à attendre. Au revoir, Warren."

Je m'élance de l'autre côté de la colline, je me mets à courir, j'invoque les vents pour me cacher, je ne veux pas qu'il me suive, je veux retrouver ma liberté. J'arrive essoufflée dans la forêt et cherche Alice.

"Lice ? On rentre."

Je cache l'automate.

"Je dois parler à Cyril."

Oui, je trouverais un moyen d'enrayer la machine. Ce sera mon objectif.