Brrrrr il faisait froid ! Tata Artémis nous avait toutes convoqués pour qu'on vienne dans ce froid du nord du Canada:

Bonjour les filles, je vous ai fait venir ici pour un entraînement un peu spécial. Cette fois-ci, pas de monstres à tuer, c’est bien plus dur encore. Vous allez devoir survivre pendant une semaine ici, dans le froid et la neige sans utiliser vos pouvoirs. Je sais que vous en êtes capables, il faut juste que vous apprenez à dépendre de vos propres moyens comme n’importe quel humain qui vivrait dans ce froid et exposé aux différents dangers de la forêt. Vous n’aurez pas le droit à vos arcs et vos flèches. Cependant, si vous voulez vos armes, vous devez les construire vous même. Je vous laisserai à chacune un petit couteau, ce sera votre seule arme de survie. Je vais vous faire endurer toutes ces épreuves car je veux que vous me prouviez que vous êtes capables d’être courage et surtout, de ne pas vous plaindre. C’est très important car si vous êtes capable de ne pas vous plaindre, vous prendrez plus de reculs par rapport à certaines situations et vous comprendrez le véritable enjeu du courage et de la parole aussi. Si vous devez parler, essayer de le faire avec utilité: parlez d’une proie, d’une arme à fabriquer, d’un bruit louche... Exprimez-vous avec intelligence et pour le bien des autres. Vous allez me prouver que vous formez une équipe soudée, incapable de trahir quelqu’un ou de se disputer avec une autre. Montrez moi que vous êtes fortes et je vous révélerai les enjeux de cet exercice. No pain, no gain. Si j’estime que vous avez prouvés votre loyauté, vous aurez ma reconnaissance éternelle. Moi je serais avec vous, je ferais comme vous, je n’utiliserai pas mes pouvoirs ni mon arc d’ailleurs. On formera une équipe.

Quoi ?! Pas d'arme ni pouvoir ? Roh bah non... je voulais me rendre invisible moi... bon tant pis ! Et pis mon pouvoir de maîtrise des armes n'est pas utilisable, c'est quelque chose d'innée, alors bon je ne choisis pas ! On avança donc groupé jusqu'à un endroit plutôt protégé du froid. Tandis que certaines se mirent à chercher du bois pour le feu, je cherchai quant à moi des branches pour nous faire des armes et outils. Après tout je savais à peu près comment faire grâce à Jade avec qui j'avais passé quelques semaines semblables à Brocéliande. Oh d'ailleurs elle était avec nous là ! J'étais trop contente ! Pis bref elle savait comment faire quelques trucs comme ça en situation de survie. Je pris alors les choses qu'il me fallait et m'installai tranquillement dans un coin de notre début de campement. Au bout de deux bonnes heures je fis avec quelques autres chasseresses m'ayant rejoint, assez d'armes et outils pour tout le monde. C'était rudimentaire et cela s'userai surement très vite mais au moins j'avais le sentiment de m'être rendu utile. Artémis avait dit de ne pas parler pour ne rien dire, or le faisant souvent je m'abstins radicalement de parler pour éviter de me faire gronder.

Devoir se débrouiller sans pouvoirs était vraiment une sensation bizarre. Toutes les Chasseresses avaient appris à vivre avec leurs pouvoirs et à s'en servir dans leur vie de tous les jours alors devoir soudainement s'en couper avait un drôle d'effet, comme s'il manquait quelque chose. Avec juste ce petit couteau dans sa main, Astri se sentait bien démunie face à la nature et son hostilité.

Bien sûr, etre en compagnie des autres Chasseresses était rassurant. Ensemble dans l'adversité, cet entraînement renforcerait à coup sûr leurs liens et leur entraide - Artémis devait sûrement l'avoir prévu, ça aussi. Ce n'était pas seulement une question de survie matérielle, cela concernait aussi l'esprit d'équipe. Esprit d'équipe qui pour l'instant semblait bien marcher. Le petit groupe évoluait rapidement, établissant l'ébauche d'un plan. Ce fut Elizabeth qui trouva ce qui deviendrait leur abri pour la nuit, avant que leur groupe ne se sépare en fonction de deux tâches: trouver de quoi faire un faire un feu et de quoi faire des armes. Les couteaux ne feraient pas le poids si elles étaient amenées à croiser la route de monstres énervés.

« Il nous faut aussi de quoi manger et reprendre des forces. Avec ce froid, notre corps perd beaucoup d'énergie pour maintenir notre température. » Sa voix est douce mais ferme. Elle n'a pas le charisme et la capacité de leader de Beth mais elle fait de son mieux. Dans cet entraînement, chaque chasseresses a son importance. Il suffit que l'une d'entre elles ne coopère pas et tout pourrait s'effondrer. « Un groupe pourrait aller chercher tandis que les autres préparent le feu. On doit pouvoir trouver des racines et des baies. Avec les premières armes qui ont été fabriquées, on peut même chasser un peu. »

De nombreuses propositions sont faites après le discours d’Artémis. Acelynn est la première à proposer d’aller se trouver une grotte, histoire de se mettre à l’abris. Elle aurait aimé avoir Dmitri à ses côtés, il est quelqu’un de doué pour trouver des bons abris. L’idée de la lieutenante semble judicieuse pour la Déesse. Avant de chercher de quoi manger, c’est vrai qu’il faut penser à s’abriter. La tempête est déjà assez violente comme ça, si les filles restent dehors trop longtemps, elles pourraient tomber malades. Les chasseresses cherchent un abris et finissent par en trouver un. Bon, ce n’est pas le meilleur abris qu’il y peut y avoir mais elles n’ont pas vraiment le choix. Ensuite, c’est au tour d’Astri de trouver une excellente idée. Elle propose que deux groupes se forment afin d’être plus efficaces et ainsi chercher de quoi manger tout en préparant le feu. La Déesse affiche un sourire de satisfaction, prête à marquer dans son esprit l’initiative de la jeune chasseresse et à la récompenser plus tard. Avec les premières armes fabriquées, Artémis se sent un peu plus rassurée. Les chasseresses se débrouillent vraiment bien, à la limite, la présence de la Déesse n’est pas aussi indispensable que cela.

- C’est une bonne idée Astri. Je propose que Kelly, Acelynn, Mayte et toi allez chercher de la nourriture. Quant aux autres, vous resterez avec moi pour préparer le feu.

Artémis laisse faire ses chasseresses car elles doivent apprendre à se débrouiller seules. Puis elle se tourne vers Isalyne, toute silencieuse et lui adresse un sourire encourageant. La Déesse a remarqué que la jeune femme ne s’intègre pas vraiment dans la Chasse, sûrement par peur de s’attacher aux autres car elle sait pertinemment que sa présence au sein du groupe est de courte durée. Elle finit par s’approcher d’elle.

- Isalyne, essaie de t’intégrer plus au groupe. Les filles sont très gentilles, tu n’as pas à t’inquiéter. Et puis fais-le au moins pour l’esprit d’équipe.

- Je ne m'inquiète pas pour ça, ma tante. J'essaie juste de ne pas trop m'attacher à elles, même si je pense que j'aurais du mal à rester de marbre si elles venaient à tomber…

Artémis pose une main sur l’épaule d’Isalyne. Elle aime beaucoup sa nièce, cette jeune fille qu’elle a purifié en échange de loyaux services. Mais elle la sait encore très fragile, peu sûre d’elle et de ce qu’elle fait. La vie a été dure pour cette fille d’Hermès et la Déesse sent cette volonté de se reconstruire lentement, calmement, dans un silence solitaire assez troublant. Elle veut reprendre le contrôle sur les choses loin des autres, de ceux qui peuvent encore menacer sa renaissance. La Déesse retire sa main et s’éloigne un peu pour observer l’avancée des chasseresses. Isalyne dépose un tas de bois par terre qu’elle fait brûler. Elle esquisse un sourire un voyant le bon fonctionnement des choses. Rien, pour l’instant, ne compte perturber ce travail d’équipe. Elle voit même Elizabeth essayer de communiquer un peu avec la fille d’Hermès.

La grande dame s’approche de l’entrée de la grotte, l’air un peu inquiète. Les filles parties chercher de la nourriture ne reviennent toujours pas. Cet prestance un peu rigide ainsi que ses coups d’oeil jetés vers l’extérieur lui rappelle un peu la position de ces femmes humaines au foyer lorsqu’elles attendent leurs enfants, le nez collé à la vitre, inquiète parce qu’ils ont plus de deux minutes de retard. Elle retourne finalement aux côtés des autres chasseresses pour essayer d’oublier son inquiétude. Le feu réchauffe doucement la grotte et ses petites filles reprennent un peu de couleur, elles qui avaient un visage blêmi par le froid.

- Je pense qu’elles ne vont pas tarder.