Blood and death

Alice avait donné le signal. Les résistants étaient cachés et Pandore entendait les alliés qui commençaient à sortir de l'amphithéâtre. Leur leader s'était rendue invisible, même si cela ne changeait rien pour Pandore, et aux cris d'horreur que la jeune femme entendit, elle avait du se manifester en tuant quelqu'un. C'était le signal. Pandore garda son épée bien en main et siffla. East se plaça en vol entre les arbres au dessus d'elle, il ne fallait pas qu'il se fasse tuer par des flèches si l'on comprenait qu'il était ses yeux. De plus, une dizaine d'oiseaux de la forêt vinrent protéger le choucas. La jeune femme dégaina épée et fouet et lança sa lame à sa droite, là où elle sentait une présence. Fer contre fer, elle batailla avec un sang-mêlé écoutant les dires de son oiseau. Mais l'ennemi était rapide, et le temps qu'East analyse puis lui transmette commençait à être trop court pour la jeune femme. Elle l'enlaça avec son fouet, lui bloquant les bras le long du corps, et lui planta son épée dans le ventre. Elle s'approche de lui et lui murmura : "Tu diras à Hadès que nous lui en enverrons plusieurs comme toi aujourd'hui." et elle retira son épée du corps laissé sans vie qui tomba à ses pieds.

Pandore l'enjamba puis écouta tout autour d'elle les gens qui se battaient. C'était une effusion de cri, quelques larmes mais peu, des gémissements surtout, des blessés qu'on achevait, ou non, des capturés, des morts... Enfin dans son élément. La jeune femme s'avançait en luttant contre certains ennemis qu'elle se contentait d'assommer, de faire perdre connaissance avec une petite dose électrique... Juste de quoi continuer à avancer. Le coeur de ce qu'elle cherchait ? Ce qui serait rattaché à Zeus. Elle ne suivait plus réellement son oiseau mais le guidait. Il y avait dans ce camp un enfant de Zeus, elle le sentait, elle sentait sa force qui se dégageait, et le surplus d'électricité dans l'air. Elle allait le trouver, et se mesurer à lui. Après tout elle ne pouvait pas perdre.  

« Ça f'ra dix drachmes, garçon. »Quelle idée de continuer à prendre les transports magiques pour se rendre d'un point A à un point B, pire que les taxis new-yorkais ou les ubbers, ces trucs ! Jasper rechigna d'ailleurs à lâcher ses précieux dorés à l'horrible conducteur qui le dévisageait depuis deux minutes déjà. L'enfant d'Athéna soupira et lâcha finalement ses pièces, affichant une petite moue avant de finalement faire volte-face, fourrant ses deux mains dans les poches de son jean craqué alors que dans son dos, l'engin rouillé peinait à redémarrer. Les petites ailes accrochées au cul de la machine commencèrent à battre légèrement, de la fumée noire de jais s'échappa du pot et en un rien de temps, la bécane disparût en laissant derrière elle une marrée sombre et fumante qui roula jusque derrière l'athénien qui avait pourtant déjà bien progressé dans la forêt. Que de nostalgie ... Cela faisait combien de temps exactement qu'il avait fuit les branchages de cette forêt sombre qui cachait si bien derrière ses feuillages l'antre des semis-divins.

Le barbu jeta sa tête en arrière sans s'arrêter de marcher. Il avançait presque à l'aveugle, il connaissait si bien ces bois, la moindre pierre, la moindre mousse, il avait passé tellement de temps à fouler cette terre avant que l'amour ne le pousse à quitter son petit chez-lui. L'amour, mais pas seulement l'amour ... Une chose que l'on appelle regret était tout autant responsable que les tourments de son coeur. En effet, peu avant son départ, il avait laissé périr pour la première fois de sa vie deux de ses hommes dans une mission, chose qui l'avait marqué, qui s'était ancrée dans sa chaire et qui avait eut raison de son sang-froid. Jasper avait perdu confiance en lui, en ses capacités, il sombra dans la déprime, se mit à broyer du noir, seul dans son bungalow, se reprochant constamment la perte de ses hommes. Ce traumatisme aurait put s'estomper au fur et à mesure du temps, mais il n'en fut rien. Il gangréna littéralement la conscience du jeune homme qui sombra dans l'alcool, risquant même ses fiançailles avec sa petite-amie Gabrielle pour cet échec cuisant qui faisait tâche dans le curriculum vitae du héros de la colonie, l'homme aux cents missions accomplies avec succès.

La raison de son retour à son fief ? Luke Alsen. Ce fils de Zeus avait réussi à persuader son aîné de revenir, comme pour qu'il puisse tourner la page sur son passé, pour lui faire du bien, pour qu'il puisse se repentir à la manière des religieux qui partent en pèlerinage à droite, à gauche, au nom de tels ou tels versets ou injonctions qui promettent un pardon céleste. Jasper aurait put être un de ceux-ci si un beau jour on ne lui avait pas dit qu'il était le fils d'une divinité païenne ... En bon anglais de riche famille, il serait très certainement devenu calviniste, aurait fini médecin, avocat ou, dans le pire des cas, ingénieur...

Bien que perdu dans ses pensées, Jasper remarqua au loin la fumée qui grimpait vers les cieux... Étrange, non ? Comme le signale l'expression : pas de fumée sans feu, et ce n'était pas la saison pour un barbecue géant à l'initiative des fils d'Héphaïstos. Jasper s'arrêta, le temps d'étudier la situation, il fronça ses sourcils en fixant cette fumée de plus en plus intense. Il se pinça sa lèvre inférieure et comprit aussitôt qu'il ne s'agissait pas d'un incendie bénin. « Quelle merde ... » Grommela le héros en foulant d'un coup de talon le sol pour fondre sur le lieu de l'incendie. « Je vais finir par croire que c'est moi qui attire le danger ... Je peux pas faire une simple promenade sans qu'il y ait de quoi salir ma lame .. » Sur ces paroles, il porta sa main à sa poche et en sortit un couteau-suisse argenté qui, en apparence, était tout à fait banal. Il n'eut qu'à presser un peu l'instrument pour en faire jaillir une lame mi-longue qui rappelait celle d'un glaive.

Plus il s'approchait de l'enceinte de la colonie, plus la fumée était importante. Il commençait à voir se dessiner derrière les troncs les plus minces des éclats lumineux, des braises qui dévoraient le bois d'un bâtiment. Au détour d'un arbre, quelle ne fut pas la surprise de Jasper de découvrir face à lui un groupuscule d'hommes armés qui s'apprêtaient à attaquer les fortifications de la colonie afin de pouvoir atteindre ce qui semblait être -d'après les souvenirs de Jasper- l'armurerie de la colonie. Ces hommes ne perdirent pas leur temps, dés qu'ils virent le fils d'Athéna, ils dirigèrent leurs armes en sa direction. Ni une, ni deux, le combattant-stratège dévia assez aisément une épée plus grosse que la sienne et pivota sur son flanc gauche pour déchiqueter d'un coup puissant l'abdomen de son adversaire qui tituba en arrière, portant sa main à sa blessure béante d'où jaillissait un filet de sang. Un second personnage vint à sa rencontre par la droite, armé d'une épée plus légère. Jasper descella en un seul coup d'oeil toutes les ouvertures que lui offrait ce combattant imprudent qui, vraisemblablement, n'avait jamais combattu en horde : il tenait cette épée, faite pour être manié avec vivacité, au dessus de sa tête comme s'il s'agissait d'un hachoir dont le poids pourrait jouer pour découper son adversaire comme une vulgaire pièce de viande. Le demi-dieu fit un pas rapide en avant et enfonça simplement sa lame dans le ventre de l'assaillant, il la dégagea rapidement de sa chaire déchirée et frappa avec le dos de sa lame le dos de son adversaire qui tomba sur le sol. « J'ignore qui vous êtes et ce que vous voulez, mais vous n'avez pas de chance de vous être retrouvés sur mon chemin ... » Annonça l'anglais aux trois demis-dieux restants.

Un rictus se dessina sur le visage de Jasper, il se mit sur ses gardes face à ses trois adversaires restants et étudia stratégiquement la situation dans sa tête. * J'ai eu les deux premiers par surprise, ils ne savaient pas que j'avais une connaissance poussée du combat rapproché, ils ont foncé imprudemment sur moi, c'était facile de les abattre mais là ... C'est du trois contre un dans un terrain assez ouvert, plusieurs possibilités s'offrent à eux, je ne connais pas leurs pouvoirs ou même leur maîtrise de leur arme, je dois rester prudent ... Ce n'est pas à moi de faire le premier geste, sans quoi ils vont profiter de l'occasion pour se disperser et m'attaquer de trois côtés différents. *

Les trois guerriers s'écartèrent l'un de l'autre, comme pour encercler Jasper. * C'était prévisible : ils jouent sur leur nombre. C'est un avantage certain, c'est sûr, mais pas décisif ... * Un premier homme, tout en gardant ses distances, donna un coup de lame pour faire reculer Jasper vers son compère et ensuite resserrer le cercle jusqu'à ce qu'il ne soit coincer entre ses trois adversaires. Jasper sourit. L'arme de l'homme n'avait pas une poignée assez grande pour qu'il s'en saisisse et le traîne jusqu'au centre avec lui alors, il se contenta de répliquer. Une nouvelle pression sur son couteau-suisse suffit à faire disparaître la lame de l'épée, à la grande surprise générale, mais fit apparaître à sa place une lance tellement grande qu'il parvint à empaler le pauvre homme dessus au moment même où il la dégaina. « Bordel, il peut varier ses armes ! » Le héros de la colonie balança le blessé embroché sur sa lame sur son compère et bondit sur le troisième homme avec sa lance, la passant sous son bras droit en pivotant pour former une attaque circulaire assez puissante, jouant sur la rotation de la lance et son poids qui pourrait avoir raison, si soumise à une grande vitesse, de sa cible. Celle ci, malheureusement, s'empara de la lame durant sa rotation et la coinça également sous son bras en souriant. C'était vraisemblablement un fils d'Arès, ou d'Enyo. Un rictus échappa à Jasper alors que son adversaire ricanait, le deuxième se relevant après avoir reçu son compatriote de plein fouet. « T'as fais une erreur fatale, connard ! » Un petit ricanement échappa au fils d'Athéna. « En combat, je ne fais aucune erreur ... » Encore une fois, il rengaina la lame de sa lance et attira ainsi à lui son adversaire, il fit apparaître la lame d'un poignard et l'enfonça à plusieurs reprises dans le ventre de son adversaire qui déglutit avant de cracher des morceaux sanguins sur le pull blanc en laine de Jasper qui se recula en faisant de nouveau apparaître le glaive pour décapiter de manière assez nette la tête du pauvre homme qui roula jusqu'aux pieds de l'unique survivant de la bataille. Jasper écarta les jambes, restant dos à son dernier adversaire qui commençait à paniquer devant la maîtrise totale de celui qui était devant lui ... Lançant un regard derrière son épaule pour voir sa dernière victime, Jasper murmura : « ... J'ai bien dis aucune erreur. » Le dernier homme déglutit et créa une sphère enflammée entre ses mains, il la lança aussitôt sur le vétéran qui eut le réflexe de presser sa bague pour faire apparaître une égide derrière laquelle il se protégea. Des rafales de feu successives continuèrent, faisant roussir le bronze céleste du bouclier. Jasper continuait d'avancer derrière lui alors que le jeune homme continuait de l'attaquer en reculant afin de maintenir la distance entre eux. Repoussant une ultime fois le feu ravageur, l'anglais décida de passer à l'attaque. Il se redressa d'un bond, étant accroupi pour se protéger intégralement derrière son petit rempart, et il balança le bouclier en direction du pyromane qui esquiva de justesse, l'arme défensive allant se planter dans le tronc d'un arbre. Le jeune homme soupira, soulagé, et s'apprêta à relancer son assaut incendiaire quand ... « Ne baisse pas ta garde ! » ... Un pied s'écrasa brutalement sur son visage, le faisant s'écrouler au sol. Un râle de douleur lui échappa, il se tortilla ainsi au sol dans les brindilles et l'herbe calcinée alors que son adversaire se positionna au dessus de lui, le médusant de son regard avant de planter la lame de son glaive à quelques millimètres de son visage, lui incisant légèrement la joue : « Maintenant tu vas me dire qui tu es, et ce que vous voulez à la colonie au juste ! »


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Le feu ravageait de plus en plus l'armurerie, les demis-dieux de la colonie se devaient de tenir face à l'ennemi résistant qui progressait de plus en plus intra-muros. La bataille semblait mal partie pour les défenseurs de la colonie. Jasper fut informé par le vaincu de tout ce qui se tramait ici. Il n'avait jamais entendu parler de Résistance, d'ennemis des dieux, de petits rebelles faisant leur crise d'adolescence un peu tard et avec des armes. Cette histoire ne lui plaisait clairement pas. Il fallait qu'il intervienne. Le héros de la colonie ne pouvait se défiler devant pareille bataille, même si sa dernière avait laissé un traumatisme indélébile en lui. Il inspira grandement, déglutit, ferma ses paupières, se claqua le visage assez fort et expira ensuite en ouvrant grand les yeux pour regarder le théâtre de feu qui se présentait à lui. Marchant à travers un décors de destruction et de mort, longeant des traces de sang et des morceaux de chaire, la boule au ventre mais le regard noir, il traversait la colonie qui se mourait actuellement. Il regardait chaque bâtiment, il se souvenait de leur apparence avant l'attaque, il se laissait envahir par chacun de ses souvenirs et bientôt, sa boule au ventre s'évanouit au profit d'une rage croissante. Poings serrés, Jasper arriva au loin. Il reconnut devant l'armurerie Luke Alsen, le fils de Zeus qui l'avait invité à revenir un temps ici pour faire la paix avec son passé, mais il reconnut également avec peine, du côté des résistants, sa belle-demie-soeur : Adriane. Il ignorait tout des agissements de celle-ci et, même si cela lui faisait mal au coeur, sa priorité était de sauver la colonie.

Dégainant son glaive au loin, Jasper lâcha d'une voix inquisitrice : « Demis-dieux de la colonie ! Ne perdez pas espoir ! Défendez ce qui vous est cher ! » Il leva son arme vers le ciel, fronça les sourcils et, en véritable meneur d'hommes, il lança un cri de guerre à en glacer le sang. Une aura grandissante émana de son corps et toucha chaque membre de la colonie environnant, se trouvant au niveau de l'armurerie, leur octroyant courage et force mentale pour parvenir à faire face à cette épreuve. Il se positionna aux côtés de Luke et lui intima avec une pointe de sarcasme : « Alors c'est comme ça que tu prends soin de notre maison ? On dirait que je vais devoir reprendre du service ... Prie pour que je ne sois pas trop émoussé ! » Il lui fit un clin d'oeil discret et se reconcentra aussitôt, fronçant les sourcils en voyant au loin la fille d'Arès portant le nom d'Adriane. Son regard l'invitait à se lancer dans une valse guerrière avec lui. En guise d'ultime ordre, Jasper lâcha à son proche ami : « Celle là, tu me la laisses! »

La réponse de Luke la fit sourire. Il était d’accord. Ils allaient partir. Entremêlant ses doigts aux siens, elle le suivit, quittant l’amphithéâtre et toute la tension qui y était liée. Bientôt, elle l’espérait, tout ceci ne serait plus qu’un horrible souvenir.

Sauf qu’en dehors de l’amphithéâtre, c’était le chaos. Un groupe de personnes, des personnes qu’elle n’avait jamais croisées à la Colonie, se dressaient devant leur groupe, armées jusqu’aux dents. La fille d’Hypnos sentit un frisson lui remonter le long de l’échine. Ça ne sentait pas bon pas bon du tout. Une brunette s’avança et planta son épée dans le corps d’un ado, sans la moindre grimace, sans la moindre appréhension. Elle venait de le tuer comme l’on se préparait un smoothie. « Salut ça va ? Moi c'est Alice, eux c'est mes amis. » Tout le monde se mit à crier, Luke y compris mais Crio ne comprit rien. Elle lâcha la main de Luke, se fit bousculer par des demi-dieux, amis ou ennemis, sans parvenir à distinguer quoique ce soit. Tout était devenu flou, chaotique. Quelqu’un chargea dans sa direction, sa lame étincelante au-dessus de sa tête, et Crio l’évita de justesse avant de poser sa main sur son cou. « Fais de beaux rêves. » Murmura-t-elle avant de s’enfuir dans la panique générale, sans savoir où aller. Son cœur battait à cent à l’heure, elle jetait des regards inquiets autour d’elle, cherchant la silhouette rassurante de son petit ami. Et s’il lui arrivait quelque chose ? Luke était puissant, mais ces demi-dieux étaient sans scrupules, ils n’hésitaient pas à faire du mal. La peur lui tomba dessus comme un poids : elle trébucha et roula par terre, tombant dans une sorte de trou. Super. Une bataille se menait et elle était même pas capable de rester debout.

Se relevant, elle vit une nouvelle silhouette foncer vers elle. Cette fois, la peur ne prit pas le dessus, bien au contraire. Sa colère explosa d’un coup : elle ne supportait pas qu’on touche à la Colonie, son unique foyer, là où elle avait enfin trouvé un sens à sa vie. Elle enfonça son poing dans ce qui s’avéra être le visage d’une fille de son âge avant de la pousser violemment avec son pied, l’envoyant dans le trou d’où elle venait. Elle ne vérifia même pas dans quel état elle l’avait laissé : elle se mit à courir, cherchant autour d’elle un repère, n’importe quoi. La fumée rendait le tout particulièrement compliqué mais, parmi tout le désordre de cris, de gémissements et d’insultes, elle reconnut la voix de Luke. « Criostal ! Où es-tu ! » Elle s’arrêta, cherchant d’où venait le son de sa voix, jusqu’à ce qu’il apparaisse devant elle. « Criostal ! Ne reste pas là, fonce dans mon bungalow et emmène les plus jeunes avec toi, fais passer le message aux autres, je vais essayer d'éteindre le feu et libérer l'armurerie. » Il l’embrassa rapidement et elle chercha à le retenir, mais ses mains n’attrapèrent que du vide.

« Et merde ! » Jura-t-elle, cherchant à le suivre parmi tous ces corps informes. Elle ne pouvait pas le laisser, c’était comme s’il fonçait vers l’ennemi pour lui demander de le tuer. C’était du suicide ! Remarquant un corps étendu à terre, ses vêtements tâchés de sang, elle saisit la lance qui gisait à côté et s’élança à la poursuite de Luke. Coûte que coûte, elle le retrouverait. Elle circula assez agilement entre les différentes silhouettes, évitant les coups du mieux qu’elle pouvait, quand trois personnes l’encerclèrent. Crio ne se posa pas de questions et tenta d’assener un coup à celle de droite, en vain. Elles se rapprochèrent, l'encerclant de plus en plus. Elle baissa les yeux vers ses mains, se demandant si elle pouvait endormir deux personnes à la fois. Elle n’eut pas le temps de trouver de réponse, car une flèche fendit l’air et se planta juste aux pieds des résistants avant d’exploser. Crio fut littéralement projetée en arrière, ses mains protégeant son visage du choc, et elle se cogna contre un arbre avant de tomber au sol, les membres extrêmement endoloris. Avait-elle quelque chose de cassé ? Sûrement quelques côtes, mais elle s’en remettrait. Elle se relevait déjà, ne perdant pas son objectif de tête. Un cri empli de rage recouvrit alors tout le brouhaha, un cri qui l’espace d’un instant figea chaque combat. Puis, chaque adversaire s’élança à nouveau contre son ennemi et Crio remarqua le surplus d’ardeur dans les mouvements des pensionnaires de la Colonie, comme s’ils avaient eu un élan de courage. Elle-même prit une grande inspiration, ramassa un glaive par terre et rejoint la bataille, bien décidée à ne pas laisser la Résistance gagner.

Au bout d'un certain  temps, ils partirent et il ne resta que l'escouade de la Grande Maison. Matthew avoue qu'il avait regardé partir Pandore avait une certaine inquiétude mais, au final, il savait qu'elle était assez douée pour s'en sortir seule. Au bout qu'un temps interminable, ils entendirent les premiers cris. C'était le signal. Discrètement, Matthew franchit la barrière suivit des autres Résistants. Ils se dirigèrent rapidement vers la Grande Maison.

Il entra constatant qu'elle était vide. Dans un instant un peu solennel, il regarda l'endroit avant de sortir son épée. Avec un plaisir un peu malsain, il frappa tout ce qu'il pouvait. Il se dirigea vers le bureau de Monsieur D et le mît à sac. Il sortit de la maison et regarda les alentours. Tous étaient parti se battre et la Grande Maison était totalement mise à sac.

Il ne voyait plus trop ce qu'il restait à faire pour eux. Aussi, il se dirigea vers le champ de bataille et sur le chemin, il croisa des demi-dieux solitaires qu'il s'appliquait à neutraliser d'un coup de pommeau. Seulement voilà, tous n'étaient pas amateurs et il en rencontra un qui lui donna du fil à retordre. Il lui entailla assez profondément le bras et le fils d'Eris grogna. Au bout d'un duel serré, Matthew lui plongea sa lame dans la poitrine et ce dernier s'écroula. A son grand étonnement, cela ne lui fit rien. Il comprit qu'il n'avait pas de remords à tuer ses demi-dieux. Au contraire, il avait l'impression de les sauver. Valait mieux être mort que emprisonné.

Il se dirigea donc sur le champ de bataille. A peine arriva-t-il là-bas qu'il sentit un regard fixé sur lui. La fille d'Athena. Encore ! Bon sang, cette fille le suivait ou quoi ? Cette dernière appela ses amis et Matthew lui sourit. Il se battrait contre elle plus tard... Mais pour l'instant, il vit deux types autour d'Adriane et il ne pût s'empêcher d'aller se placer à côté d'elle. Le barbu et le blondinet. Il n'aimait pas l'arrogance que dégageait le barbu. La fille d'Ares n'avait peut-être pas besoin d'aider mais le fils d'Eris ne voulait pas prendre de risque. Il brandit son épée. Le barbu voulait Adriane ? Très bien, il la laisserait lui mettre une pâtée. A la place, il face au blond. Son visage lui était familier. Sans doute l'avait-il déjà croisé ?

Matthew s'apprêtait à foncer sur lui, sans réfléchir pour l'embrocher alors que ce dernier courait vers Adriane. A peine arma-t-il son geste que le blond dit :

"Mitchel ?"

Matthew se stoppa net. Il le fixa totalement abasourdi, sans pouvoir faire le moindre geste. D'où ce type connaissait Mitchel ? Ce dernier n'était jamais venu à la colonie. Alors d'où le connaissait-il. Le fils d'Eris mourrait d'envie de lui poser toutes ses questions. D'avoir peut-être enfin des réponses.

Cependant, ce n'était pas vraiment le moment de poser la question. Il observa son adversaire, prudent. Puis, lorsqu'une aura électrique l'entoure, Matthew faillit jurer. Un fils de Zeus ? Bon, le combat allait s'avérer plus difficile que prévu...

Il pourrait toujours se servir de son pouvoir pour bloquer les siens, mais, il ne tiendrait que quelques minutes... Par contre, il était très fort au corps à corps. Après avoir pesé ses avantages et ses faiblesses, Matthew répondit à Luke qui demandait pourquoi tous s'acharnait autant sur la colonie.

"La colonie est un endroit injuste. Toi, tu ne l'as pas ressenti car tu es un fils de Zeus.  Mais nous, qui sommes les enfants des dieux mineurs peu aimés, on le ressentait.  Et moi, c'est Matthew."

Sans plus une parole, il brandit son épée et bondit sur le fils de Zeus avec une énergie nouvelle. Celui de la rage et de l'envie de restaurer la justice...